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Buste

QUELQUES NOUVELLES RÉFLEXIONS SUR LES TORSES DE MALTE LEHM ( suite)

Reproduire, disais-je. Attention, il ne s’agit pas d’imiter, de singer la nature. C’est sans doute un art de l’illusion, rendu
possible par ce savoir-faire de techniques hautement délicates et précises, mais hasardeuses aussi. S’agit-il de tromper
l’œil, l’esprit du spectateur ? De faire passer le faux pour le vrai ? L’art ne se situe pas seulement par rapport à la réalité,
mais à la vérité. Platon le dit « Le beau, c’est la splendeur du vrai ». Ainsi atteint-on ce qui transfigure. Imiter, dès lors, c’est
accomplir la nature, en y ajoutant son propre apport, qui est
un idéal.

Un élément qui attire le spec-
tateur face à la beauté de ces

œuvres, c’est leur pouvoir
« amical », pour ne pas dire
amoureux. « Le beau nous
est ami » déclare Platon dans
son « Lysis ».
Comme on est loin de la matière

brute, qui sera livrée au four ! La beau-
té qu’elle contient, sans la retenir, enri-
chit cette matière, la dote d’un sens,

d’une signification, d’une pensée qui
est la pensée de Malte Lehm.
L’apparence d’un torse est douée
de pouvoirs érotiques. Ce torse me «
ravit » au sens le plus fort du terme. La
beauté arrache à la pesanteur, celle de
l’artiste comme celle de l’admirateur.
La force tranquille de ces torses est une
force ravissante. Présence, attractivité,
proximité... Et tout un au-delà qui fait signe.
Au-delà de l’apparence physique, tangible,
palpable. Ce qu’on appelle une méta-physique.
Pourtant me dira-t-on, ce ne sont que des
torses de femme, de chutes de reins, de

courbes de fesses ! Même pas des corps en-
tiers ! Certes. Il y a les possibilités offertes au

sculpteur qui ne peut mouler qu’un élé-
ment du corps. Il y a aussi un parti-pris

: celui d’une représentation elliptique,
forcément, délibérément, qui n’est pas un

fragment isolé, divorcé de l’ensemble, ap-
pauvri, mais un détail qui en dit long sur l’en-
semble. Qui le représente. Ce qui manque ici, la

tête, les jambes, les pieds... ne paraît pas se plaindre.
Le torse demeure intégré à l’ensemble, qu’il respecte, qu’il
sert même, puisqu’il le rend possible, virtuel, idéal. Puisque la
totalité du corps est impossible à reproduire, le fragment sera susceptible d’entrer dans de nouvelles perspectives. Là où
la matière de ces torses s’arrête, l’esprit continue.

Un torse de Malte Lehm n’est jamais inaccompli. Il permet un autre mode d’accomplissement, entre le visible et l’au-de-
là, le beau réel et l’idéal. À condition que je joue le jeu, et que la beauté qui murmure trouve en moi un auditeur complice,

amical, amoureux.

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